Les statines sont associées à une réduction du risque de fracture chez les sujets de plus de 50 ans

Deux articles publiés dans le dernier numéro du JAMA semblent indiquer que les inhibiteurs de l'HMG-CoA réductase réduisent le risque de fracture. Ce résultat pourrait avoir des conséquences déterminantes en santé publique mais cet effet préventif des statines demande à être confirmé par des essais cliniques randomisés et contrôlés.

Les statines sont des inhibiteurs de 3-hydroxy-3-méthylglutaryl coenzyme A réductase ou HMG-CoA. Ces composés réduisent la biosynthèse du cholestérol, ils diminuent le taux de cholestérol total et de cholestérol LDL et augmentent légèrement le taux de HDL cholestérol. L'effet hypocholestérolémiant des statines s'est montré efficace dans le traitement des hypercholestérolémies et assure une réduction de la morbidité et mortalité cardiovasculaire chez ces patients.

Récemment, des études sur l'animal ont suggéré que les statines favorisaient la formation osseuse (Mundy G et al, Science 1999;286:1946-1949).

Le Dr C. Meier de l'Hôpital Universitaire de Basel (Suisse) et ses collaborateurs ont analysé des fichiers de patients enregistrés sur une banque de données anglaise, le GRPD ou General Practice Database. Les chercheurs ont comparé les dossiers de patients âgés de 50 à 89 ans avec des antécédents de fracture (n = 3.940) à des dossiers de patients de même profil (23.379) mais sans antécédent de fracture. La prise de statines a été examinée dans chaque groupe.

Après ajustement des données (indice de masse corporelle, tabac, nombre de visites chez un médecin et prise de corticoïdes et d'estrogènes), les auteurs ont montré que les sujets sous statine avaient presque deux fois moins de risque de fracture (risque relatif = 0,55 ; IC 95 % = 0.44-0.69).

Ce risque apparaît réduit de 45 % chez les patients sous statine (prescrite moins de 30 jours avant la fracture), de 33 % chez dans le cas d'une prise récente (30-89 jours avant fracture) et de 13 % (plus de 90 jours avant fracture).

Bien que l'association statines/diminution des fractures paraisse claire, les auteurs soulignent que des essais contrôlés sont nécessaire pour évaluer de façon définitive l'effet des statines sur le risque de fracture.

Dans un deuxième article du JAMA, une équipe menée par le Dr P. Wang (Brigham and Women's Hospital de Boston) a recherché une éventuelle relation entre les statines et les risques de fracture de la hanche chez les plus de 65 ans. La cohorte étudiée était composée de 1.22 patients opérés d'une fracture de la hanche et de 4.88 sujets contrôles.

Ces médecins ont montré que la prise de statines dans les 180 jours avant la fracture était liée à une diminution de 50 % du risque de fracture de la hanche. Par ailleurs, cette réduction serait de 43 % dans le cas d'une prescription de ces inhibiteurs de l'HMG-CoA réductase durant les 3 années précédentes.

Il est important de noter que ni Meier ni Wang n'ont pu montrer qu'une telle association existait avec d'autres médicaments hypolipidémiants.

Deux médecins de l'Université de Californie, le Dr Cummings et le Dr Bauer notent toutefois dans un éditorial du journal que des recommandations pour la prescription de statine dans le cadre de la prévention des fractures restent prématurées. Ceci ne saurait se réaliser sans des essais cliniques randomisés et contrôlés positifs. "De la même façon, les patients atteints d'ostéoporose devraient être traités avec des agents dont l'efficacité à réduire le risque de fracture est prouvée", soulignent-ils.

Source : JAMA 2000;283:3205-3210, 3211-3216,3255-3257

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