Professions libérales de santé : des retraites menacées ?

Professions libérales de santé : des retraites menacées ? Fort de ses engagements lors de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron joue au chamboule-tout en matière de protection sociale des Français. Si les objectifs généraux paraissent de prime abord louables, il se pourrait que les retraites des professions libérales de santé se retrouvent in fine menacées par la politique du gouvernement.

Lors de son discours de politique générale en juillet dernier, le premier ministre a annoncé la mise en place d’un système universel de retraite au sein duquel un euro cotisé donne à tous les mêmes droits.


Or la situation actuelle en termes de cotisation retraite est très disparate selon les régimes. En effet les salariés du régime général cotisent à hauteur de 17.75 %, cotisations patronales incluses, les commerçants et artisans également à hauteur de 17.75 %, les agriculteurs à 17.04%, les fonctionnaires à 10.34 % et les professions libérales à 10.10 %.

Il se pourrait donc cette réforme voulue par le gouvernement entraine une hausse des cotisations retraite des professions libérales de santé de l'ordre de 75 %. Mais la retraite de base passerait du même coup de 10 500 à 17 500 €.

Le directeur de la CARMF, Henri Chaffiotte, déclarait dans un colloque organisé récemment à Paris « un régime de base unique et universel peut être compliqué à mettre en place et s’avérer très explosif ».

D'autant plus explosif qu'on ne se sait pas encore si cette réforme toucherait également la retraite complémentaire. Et il s'agit bien là d'une ligne rouge à ne pas dépasser pour les gestionnaires des régimes complémentaires de retraite dont l'autonomie a déjà été mise à mal par le décret du 9 mai 2017. La CARMF a engagé un bras de fer avec le gouvernement sur ce sujet en introduisant un recours devant le conseil d'état.

Pour la CARMF, le décret assimile les régimes de retraite à des régimes d’assurance vie et souhaite calquer leur mode de pilotage. Il leur impose des placements garantis et sûrs quelles que soient les réserves accumulées par chacun des régimes, au détriment des rendements qui passeraient de l'ordre de 3% en moyenne à 1% voire moins. Le manque à gagner pour la CARMF serait de 1.7 milliards d'euros sur 10 ans et 2.7 milliard d'euros sur 20 ans. Une baisse des prestations ou une hausse de cotisation de l'ordre de 6.6% serait nécessaire pour préserver l'équilibre du régime.

Tête de file sur ce dossier la CARMF ne serait probablement pas la seule caisse de retraite impactée.

Pour Monique DURAND, présidente de la Caisse nationale d'assurance vieillesse des professions libérales, ce texte est un danger pour nos régimes, il est préjudiciable aux intérêts de nos ressortissants. Au lieu de sécuriser nos placements, ce projet se traduira par des risques moins bien couverts, une perte de rendements financiers qu’il faudra combler par des hausses de cotisations !

Rendement technique des cotisations aux regimes complémentaires selon la profession en 2015

ProfessionRendement technique 2015
Salariés du privé 6,56%
Agents du public non titulaires 8,23%
Commerçants 6,80%
Experts-comptables 8,98%
Officiers ministériels 7,26%
Consultants (CIPAV) 7,80%
Médecins (CARMF) 6,20%
Avocats 10,73%

 

1 000 € cotisés  à la CARMF en 2015 donnent droit à une retraite annuelle de 62 €.

Source : novelvy

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