La gestion prévisionnelle des emplois médicaux, grande cause nationale en 2018

La gestion prévisionnelle des emplois médicaux, grande cause nationale en 2018 La réforme des études médicales est actuellement nécessaire et doit passer par la formation de la jeunesse. Pour répondre aux problématiques que connaît le secteur hospitalier notamment, les déserts médicaux, les pénuries médicales dans les hôpitaux, les crises psychologiques des professionnels médicaux dès l’internat, les délais d’attente dans certaines spécialités, l’absence de médecins traitants dans certains territoires et le manque de remplaçants sur des postes vacants, les gouvernements successifs ont tous essayé d’apporter des solutions à court terme qui n’ont reflété aucun résultat tangible. Mon propos n’est pas de porter un jugement sur le contenu de la formation médicale car j’estime que nos jeunes médecins sont très bien formés à exercer leur fonction, mais d’apporter un regard d’expert sur la situation actuelle.

UN BESOIN MULTISECTORIEL

Dans les années 90, notre système de santé a connu une des plus grosses crises avec la pénurie des infirmières. Toutes les solutions ont été évoquées et testées pour éviter une crise immédiate et ainsi le crash. Nous avons fait appel à des infirmières venues d’Espagne, du Maroc ou encore à des étudiants de 4ème année de médecine.

La solution durable a été trouvée par la réalisation au sein même de chaque région et en toute neutralité d’une gestion prévisionnelle des emplois et en faisant corréler ce besoin multisectoriel et le numerus clausus de formation.

Dans les années 2000, le décret périnatal a fixé des effectifs minima dans chaque service d’obstétrique. Or le dispositif réglementaire a devancé l’évolution des effectifs de sages-femmes. L’application de ce décret n’a pu se faire qu’au bout de 10 ans grâce à l’évolution des quotas mais surtout grâce à nos collègues belges qui forment chaque année un nombre suffisant de sages-femmes pour que notre pays puisse remplir les obligations qu’il s’est lui même fixé.

Récemment, le décret spécifiant que les pharmaciens exerçant dans les établissements doivent au préalable avoir reçu une formation initiale hospitalière y compris pour les remplaçants, a engendré des crises, des dérogations ou des situations atypiques à cause d’une absence totale d’anticipation.

 

UNE APPROCHE TERRITORIALE DES BESOINS

Aujourd’hui, nos jeunes professionnels ont la chance d’embrasser une carrière qui leur offre la plus grande diversité professionnelle et géographique de tous les secteurs. Ils ont le choix d’exercer une spécialité ou une médecine générale, de s’occuper des enfants ou des personnes plus âgées, d’être praticien, chercheur, penser le système, d’exercer dans différentes structures ou dans différents pays, dans des établissements scolaires, en entreprise, dans les médias, au ministère de la santé, dans les caisses de financement…


Au vu de cette situation, la bonne gestion prévisionnelle des emplois médicaux passe par une écoute de tous les secteurs à égalité et une analyse objective des besoins à court, moyen et long terme. Elle doit prendre en considération la question de la poly-compétence et de l’hyperspécialisation, des compétences complémentaires (sciences, langues, économie, philosophie et sciences humaines), et nécessite une approche territoriale des besoins.

Il va de soit que cela vient percuter le modèle actuel basé sur un numerus clausus national fondé sur une analyse des possibilités d’accueil des internes dans chaque CHU.

Si nous comprenons la difficulté de nos collègues à accueillir des stagiaires dans certaines disciplines faut-il pour autant occulter le besoin ?

Cette définition du besoin par le numerus clausus peine déjà à satisfaire la demande hospitalière et focalise notre attention sur le secteur hospitalier alors que la médecine de ville souffre tout autant et que d’autres secteurs réclament de la compétence médicale. Ces secteurs majeurs font partie de notre système de santé mais aussi de notre économie, tels que les industriels (pharmacies, dispositifs médicaux, équipementiers, sciences de l’information,....), les instances de régulation et de financement qui ont du mal à recruter des compétences (ARS, Ministère de la Santé, Caisse d’Assurance Maladie, Mutuelles,.....), et même le contexte international qui voudrait que notre médecine s’exporte au delà des frontières et que nos universités rayonnent.

UNE GESTION TRANSPARENTE ET PARTICIPATIVE

La mise en place de la gestion prévisionnelle des emplois médicaux éviterait aux agences régionales d’élaborer des projets régionaux de santé pour début 2018 qui malgré une très bonne analyse des besoins de nos concitoyens sur des sujets majeurs n’auront pas, dans la plupart des cas, les moyens médicaux de les résoudre par manque de médecins et de dialogue préalable.

Pire, certaines régions viendront même puiser des ressources dans d’autres régions déjà fragilisées pour résoudre leurs problèmes et en créeront ainsi d’autres ailleurs.
Nous sommes aujourd’hui placés face à un grand défi, celui de rompre avec la création d’une pénurie chez les uns pour répondre aux besoins des autres. Pour briser cette trilogie frustrante qui élimine 9 candidats sur 10 et qui amène les gagnants 6 ans plus tard vers une orientation opposée ou les oblige à déménager, une réforme doit obligatoirement être exigée. Il est impératif de mettre au plus vite et dans chaque région une gestion prévisionnelle des emplois médicaux transparente et participative. Seul ce principe permettra de régler dans 10 ans les problématiques actuelles.

Pour toutes ces raisons, la France doit s’engager résolument dans la gestion prévisionnelle des emplois médicaux et doit se résoudre à l’ancrer comme l’une des principales causes nationales. Je pense que cette question ne peut que faire partie du débat public en 2018.

La gestion prévisionnelle des emplois médicaux, grande cause nationale en 2018 Jean-Loup DUROUSSET Président du Groupe Noalys

À propos de NOALYS :
Créé en 2009, le groupe NOALYS est un groupe de santé pluridisciplinaire d’origine lyonnaise regroupant 7 établissements de proximité médicaux complémentaires.
Avec le rachat en janvier 2015 de clinique chirurgicale du Mont-Blanc à Cluses (74), le groupe NOALYS renforce son ancrage sur le territoire rhônalpin avec l’acquisition récente de la Clinique Saint-Charles (38), devenue depuis juin 2015 la Clinique des Côtes du Rhône et le lancement du projet d’une future clinique à Montbéliard (25).
A travers ses cliniques de proximité, le groupe complète ainsi les expertises médicales de la maternité Natecia, basée à Lyon, du Centre de chirurgie ambulatoire des Hauts d’Avignon, et du Centre Endo Nord-Isère (CENI), établissement spécialisé en chirurgie ambulatoire situé à Bourgoin-Jallieu (38).

Descripteur MESH : Médecins , Solutions , Hôpitaux , Jugement , Santé , Médecine , Économie , Femmes , Universités , Attention , Sciences humaines , Philosophie , Pharmacies , Pharmaciens , Personnes , Orientation , Médecine générale , Maroc , Maladie , France , Face , Étudiants , Établissements scolaires , Côtes

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