Les biologistes indépendants dénoncent les dangers de la financiarisation de la biologie médicale

Les biologistes indépendants dénoncent les dangers de la financiarisation de la biologie médicale Les biologistes indépendants dénoncent l’emprise croissante d’investisseurs étrangers sur la biologie médicale française. Guidés par une logique de rentabilité excessive, ces investisseurs contribueraient à la désertification médicale, à l’allongement des délais et à une diminution de la qualité de prise en charge des patients. Les biologistes indépendants lancent une campagne de sensibilisation auprès des Français et appellent les hommes politiques à se saisir du dossier.

67 % des laboratoires sont détenus aujourd’hui par des groupes financiers alors que 100 % des laboratoires étaient encore indépendants il y a 20 ans.

Il y a 20 ans, il n’existait pas de groupes financiers dans la biologie médicale de ville en France. Aujourd’hui,6 groupes financiers possèdent 67 % de ces entreprises de biologie médicale de ville. De 2005 à 2021, avec les rachats successifs, le nombre de laboratoires de ville a été pratiquement divisé par 10 passant de 3 991 entreprises à 412 sur le territoire national1. Demain, ce sera le tour des pharmaciens, des vétérinaires, des radiologues, etc. tous les acteurs de la médecine de proximité.

Cette concentration du marché a réduit considérablement le nombre d’intervenants indépendants, elle a vu la logique financière l’emporter sur celle du soin et de la prise en charge complète des patients, et notamment des plus fragiles ; elle semble également avoir largement contribué à l’accentuation de la désertification médicale de certains territoires délaissés par les investisseurs en raison d’une densité de population jugée trop faible pour présenter des ratios de rentabilité satisfaisants.

Les biologistes indépendants dénoncent les dangers de la financiarisation de la biologie médicale

Les Biologistes Indépendants interpellent ainsi les responsables politiques quant à la nécessité de renforcer la réglementation en vigueur ; il en va de la pérennisation de notre système de santé, qui doit être la priorité du quinquennat qui s’ouvre aujourd’hui.

La législation impose en effet que plus de la moitié du capital et des droits de vote d’une société d’exercice libéral (SEL) soit détenue par les professionnels de santé exerçant dans la SEL ; les non-biologistes étant limités à 25 % du capital. Mais depuis 2001, des biologistes n’exerçant pas dans une SEL identifiée peuvent y être majoritaires. Cela a permis à des fonds financiers d’utiliser des sociétés de biologie étrangères qu’ils contrôlent pour prendre des participations majoritaires dans des laboratoires hexagonaux. Par ailleurs, l’utilisation de mécanismes de contournement — comme les actions de préférence — leur a permis de contourner la limite des 25 %, les rendant de facto en dehors de la règle commune, provoquant une distorsion des règles d’exercice de la profession.

Les biologistes indépendants dénoncent les dangers de la financiarisation de la biologie médicale

D’après l’enquête Les Biologistes indépendants — Ipsos2 menée auprès des Français et des médecins en avril 2022, 77 % des Français estiment que les laboratoires de biologie médicale sont de plus en plus rachetés par des grands groupes financiers, 67 % des citoyens interrogés affirmant que cette tendance risque de conduire à une réduction des investissements matériels et humains pour dégager le plus de profits possibles.

Chez les médecins, la tendance est la même, avec des proportions encore plus importantes : 89 % d’entre eux ont le sentiment d’une main mise de la finance sur la biologie médicale française et ils sont 75 % à juger négativement ce phénomène, l’assimilant à une réduction des moyens techniques et humains au profit de la rentabilité.

Concernant plus spécifiquement l’accès aux laboratoires de biologie médicale, plus d’un Français sur quatre (28 %) déclare qu’il est devenu difficile, voire impossible d’accéder à des laboratoires de biologie médicale à proximité de son lieu de résidence. Une tendance qui se renforce au sein des territoires ruraux (37 %).

Un constat qui explique notamment le phénomène inquiétant décrit par près d’un médecin sur deux (47 %) et plus d’un Français sur trois (34 %) révélant des difficultés pour faire réaliser des analyses médicales urgentes (hors épidémie de Covid-19).

Des questions fondamentales partagées par les Français et le corps médical se posent donc aujourd’hui : l’argent doit-il rester au service de la santé ? Ou l’inverse ?

Les biologistes indépendants dénoncent les dangers de la financiarisation de la biologie médicale

Alors qu’un nouveau quinquennat s’ouvre aujourd’hui, Les Biologistes Indépendants appellent les responsables politiques à prendre la mesure de la situation et de son caractère d’urgence, pour prendre les mesures nécessaires, qui permettront de préserver une biologie médicale française, humaine, inclusive, performante et innovante ; une biologie médicale indépendante ; une biologie médicale entrepreneuriale qui privilégie les valeurs plutôt que la valeur.

À propos du réseau Les Biologistes Indépendants

Les Biologistes Indépendants rassemblent des médecins et des pharmaciens biologistes, entrepreneurs, qui, face à la montée en puissance des grands groupes, ont choisi en 2016 de s’unir dans une organisation coopérative afin de rester maîtres de leurs choix, responsables de leurs actes, professionnels de santé et chefs d’entreprise

indépendants afin de défendre un système de santé équitable, ancré dans les territoires, au plus proche des patients. Les Biologistes Indépendants représentent plus de 650 sites/laboratoires en France, regroupant près de 1 000 biologistes médicaux et 8 045 collaborateurs qui accompagnent chaque jour plus de 82 000 patients dans leurs actes de biologies médicales.

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