Grève massive des pharmacies

Le 18 septembre 2025, entre 85 et 98 % des pharmacies françaises ont fermé leurs portes. Derrière cette mobilisation inédite, les syndicats dénoncent une réforme menaçant la viabilité économique des officines. Au-delà des pharmaciens, c’est toute l’organisation des soins qui se retrouve fragilisée, avec un accès aux médicaments fortement compromis [4][5].

Des marges réduites sur les génériques qui mettent les officines en péril

À l’origine du mouvement, l’arrêté du 4 août 2025 réduit les remises sur les médicaments génériques, passant de 40 % à 30 % dès septembre, avant une baisse prévue à 20 % d’ici 2027 [1]. Présentée par le gouvernement comme une mesure de maîtrise budgétaire, cette réforme est vécue comme un choc par les pharmaciens. Selon France Info, les pertes pourraient atteindre 30 000 à 50 000 euros par an et par officine, soit l’équivalent d’un poste salarié [2].

« Les génériques représentent 20 à 30 % de mon chiffre d’affaires. Cette mesure nous coûtera 30 à 50 000 euros de marge par an. Sans réduction des autres charges, nous devrons licencier », témoigne Frédéric Viret, pharmacien gérant depuis plus de trente ans [2]. Chaque année, 200 à 300 pharmacies ferment déjà en France, rappelle TF1 Info [2].

Face à ce risque, les syndicats – FSPF, UNPF, USPO, Federgy et UDGPO – se sont unis pour demander le retrait immédiat de l’arrêté et une reconnaissance officielle du rôle des officines [1]. Philippe Besset, président de la FSPF, souligne que les pharmaciens seraient prêts à reprendre le travail si les remises étaient rétablies à 40 % [1].

Un impact direct sur les patients et les professionnels de santé

La grève massive, suivie dans 84 villes, a eu des répercussions immédiates sur l’accès aux traitements [4]. Les agences régionales de santé (ARS) ont réquisitionné certaines officines, mais leur nombre reste limité : seulement six dans la Manche, selon France Bleu Normandie [6].

Médecins, infirmiers et aides-soignants ont dû s’adapter pour pallier les ruptures de délivrance. Le député Hadrien Clouet a dénoncé une réforme « qui fragilise la couverture sanitaire, au détriment des patients » [7]. La Fédération française des diabétiques a également exprimé ses inquiétudes sur les risques d’interruption des traitements chroniques [11].

Une mobilisation interprofessionnelle et politique

Cette grève s’inscrit dans un mouvement social plus large, impliquant transports, écoles et hôpitaux, selon France Info [8]. Des manifestations ont eu lieu dans 84 villes, avec un rassemblement marquant aux Invalides avant une marche vers le ministère de la Santé [4].

Les syndicats prévoient aussi une bataille parlementaire, en préparant un amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Leur objectif : geler les baisses de prix des médicaments et ouvrir des négociations sur une éventuelle revalorisation des honoraires des pharmaciens [9].

Quelles perspectives de sortie de crise ?

Parmi les pistes évoquées figure la compensation des pertes par une meilleure rémunération des actes pharmaceutiques [1]. Une concertation interprofessionnelle pourrait également être engagée afin de mieux coordonner médecins, pharmaciens et infirmiers en période de tension d’approvisionnement [7].

Pour Philippe Besset, la mobilisation vise avant tout à alerter l’opinion publique : « Les patients sont les premiers concernés » [1]. Une déclaration qui résume l’enjeu d’un conflit où la survie économique des pharmacies se confond avec la continuité des soins.

Références

[1] FSPF, "Front uni des syndicats pour défendre l’avenir des officines", 16 septembre 2025.
[2] France Info, "Les pharmaciens en grève contre la baisse des remises sur les génériques", 17 septembre 2025.
[3] USPO, "Grève des pharmacies : 80 à 90 % de participation attendue", 17 septembre 2025.
[4] FSPF, "Grève des pharmacies : manifestations dans 84 villes", 18 septembre 2025.
[5] TF1 Info, "Grève des pharmacies : 98 % des officines fermées dans certaines régions", 18 septembre 2025.
[6] France Info Normandie, "Grève des pharmacies : six officines réquisitionnées dans la Manche", 18 septembre 2025.
[7] Post X de @L_insoumission, 17 septembre 2025.
[8] France Info, "Grève interprofessionnelle du 18 septembre : transports, écoles et hôpitaux mobilisés", 18 septembre 2025.
[9] Le Pharmacien de France, "Les syndicats exigent un gel des baisses de prix", 16 septembre 2025.
[10] Agence Régionale de Santé, "Liste des pharmacies réquisitionnées par département", 18 septembre 2025.
[11] Fédération française des diabétiques, "Position sur la grève des pharmacies", 17 septembre 2025.