Grève du 18 septembre : les professionnels de santé en première ligne
Pharmacies : une fermeture massive et inédite
La mobilisation la plus visible est venue des officines. Selon la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), 98 % des pharmacies ont fermé leurs portes, soit environ 18 000 établissements sur 20 000. L’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) a confirmé ce chiffre, qualifiant l’action d’« historique ». À Paris, un cortège a rassemblé plusieurs centaines de pharmaciens aux Invalides avant de rejoindre le ministère de la Santé, tandis que des manifestations locales se sont tenues dans de nombreux départements.
À l’origine du mouvement, l’arrêté du 4 août réduisant les marges sur les médicaments génériques, que les syndicats estiment menaçant la viabilité économique des officines. Philippe Besset, président de la FSPF, a dénoncé « une trahison » envers la profession. Deux jours après la grève, le gouvernement a annoncé une révision du dispositif : l’effort demandé aux pharmaciens a été réduit de 241,5 à 198 millions d’euros, ouvrant la voie à de nouvelles discussions dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS).
Hôpitaux : une grève plus diffuse mais significative
Dans les établissements publics, la mobilisation a été mesurée mais non négligeable : 7,6 % des agents de la fonction publique hospitalière étaient en grève, selon le ministère. Médecins, infirmiers, aides-soignants et personnels médico-sociaux ont rejoint les cortèges pour dénoncer la dégradation des conditions de travail et le manque de moyens. Les syndicats hospitaliers (CGT, FO, CFDT, SUD, CFTC Santé Sociaux) ont réclamé un financement pérenne, une revalorisation des salaires et un plan de recrutement face au sous-effectif chronique.
Les praticiens hospitaliers, regroupés dans les intersyndicales APH, Alliance Hôpital et SNPHARE, ont appuyé ces revendications en demandant une loi de programmation pluriannuelle pour la santé. Des rassemblements symboliques ont eu lieu devant plusieurs hôpitaux, comme à Saint‑Antoine à Paris, où les personnels ont exprimé leur opposition à une gestion « au rabot » des services hospitaliers.
Libéraux : entre contraintes et solidarité
La participation des professionnels libéraux a été plus contrastée. Les infirmiers libéraux, représentés notamment par le Sniil, ont rappelé leur obligation de continuité des soins, limitant leur capacité à se mettre en grève. « Les infirmiers libéraux ne se sont pas réellement mis en grève », a souligné John Pinte, président du syndicat, tout en affichant un soutien au mouvement. Les kinésithérapeutes, regroupés autour de la FFMKR, ont appelé à la fermeture des cabinets et à rejoindre les cortèges, avec une mobilisation plus visible dans certaines régions comme l’Occitanie.
Cette participation souligne les disparités territoriales : dans les zones rurales, la fermeture d’une pharmacie ou d’un cabinet peut priver temporairement des villages d’un accès direct aux soins.
Un mouvement interprofessionnel élargi
La journée du 18 septembre a rassemblé 55 000 manifestants à Paris, selon la préfecture, et des dizaines de milliers d’autres dans les grandes villes régionales. Aux côtés des professionnels de santé, enseignants, cheminots et fonctionnaires ont exprimé leur opposition à plusieurs mesures gouvernementales, parmi lesquelles la réforme de l’assurance‑chômage et la désindexation des retraites.
Si les perturbations dans le secteur de la santé sont restées limitées aux consultations non urgentes et aux pharmacies fermées, la mobilisation a montré la capacité des professions soignantes à s’unir face à des mesures jugées pénalisantes. L’intersyndicale prépare déjà la suite : une nouvelle « marche blanche » des soignants est annoncée pour le 4 octobre.
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