Olivier VERAN annonce le grade master pour les futurs kinésithérapeutes

Olivier VERAN annonce le grade master pour les futurs kinésithérapeutes Ce lundi 17 mai 2021, Olivier VERAN, ministre des Solidarités et de la Santé et Pascale MATHIEU, présidente du Conseil national de l’ordre, ont échangé en visioconférence avec les kinésithérapeutes et étudiants. Ils étaient nombreux à poser leurs questions en amont et à réagir en direct, abordant ainsi avec leur ministre tous les sujets de préoccupation pour la profession et son avenir.



A cette occasion, Olivier VERAN a notamment annoncé que comme demandé à plusieurs reprises par Pascale MATHIEU, les étudiants en kinésithérapie, à l’issue de leur cursus, se verront désormais conférer un grade master pour leur diplôme. Jusqu’à présent, si le parcours des étudiants comportait bien 5 années d’études permettant de valider 300 crédits européens (ECTS), ceux-ci ne bénéficiaient en effet pas de ce grade.

Lors de cet échange direct et ouvert, le ministre et la présidente du Conseil national de l’ordre ont évoqué librement les compétences et l’avenir de la profession, au service du bien-être des patients. Le ministre a notamment souligné à plusieurs reprises le rôle essentiel des kinésithérapeutes dans la lutte contre la pandémie, en réanimation, en soins de suite et de réadaptation ainsi que dans la prise en charge des séquelles à long terme du Covid. Depuis la semaine dernière, ils sont également habilités à vacciner après une courte formation ; les étudiants en kinésithérapie devraient l’être avec la publication du prochain décret.

Pascale MATHIEU a fait part en introduction de la forte demande de reconnaissance, d’autonomie et de considération des kinésithérapeutes. L’Ordre se félicite que le ministre ait répondu positivement à ce message. Olivier VERAN a en effet rappelé à plusieurs reprises qu’il était favorable aux évolutions et prêt à « faire bouger les lignes ». En matière d’accès direct aux kinésithérapeutes, « capables de déterminer seuls le mode de rééducation et le nombre de séances» et pour lequel un rapport est en cours d’élaboration, de pratiques avancées et d’extension des possibilités de prescription, le ministre s’est déclaré ouvert à la réflexion pour fluidifier et simplifier l’accès aux soins. La présidente du Conseil national de l’ordre a conclu en invitant les kinésithérapeutes à se saisir des possibilités qui s’ouvrent à eux. La profession pourra ainsi prendre sa place au cœur de l’organisation générale de la santé : « Nous serons présents sur les grands enjeux de santé publique. »

Introduction de Mme Pascale Mathieu, présidente du Conseil national de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes

Monsieur le ministre,

Je ne pense pas me tromper si je dis que pour les kinésithérapeutes, c’est la première fois qu’il y a un échange direct avec leur ministre. Ce format inédit qui va permettre à tous les kinésithérapeutes de vous poser directement, et à moi aussi d’ailleurs, les questions qui les taraudent est une chance pour la profession et une marque de la considération que vous leur portez.

100 000 kinésithérapeutes ce n’est pas rien et dans un premier temps j’ai envie de m’adresser à mes confrères et consœurs.

Je souhaite vous remercier de vous consacrer chaque jour à plusieurs millions de Français qui ont besoin de vos soins, pour aller mieux, ou pour aller bien.

Pendant la crise, dès son début, malgré les difficultés, l’incertitude, vous étiez là. A l’hôpital, dans les services, en réanimation vous étiez là.

Vous avez suivi nos patients les plus fragiles à leur domicile, vous avez tenté malgré les freins de poursuivre les soins en EHPADS, et vous avez su m’alerter quand on vous en refusait l’entrée.

Dès que cela a été possible, vous avez pratiqué le télésoin, vous avez testé. Vous avez également demandé largement à vacciner et cela nous a été accordé, je vous remercie d’ailleurs, monsieur le ministre, d’avoir soutenu cette proposition.

Mais vous m’avez alertée à de nombreuses reprises d’abord lors du grand débat national puis ici en envoyant massivement vos questions qui sont le reflet de vos inquiétudes et même de vos angoisses. Je les ai toutes lues et transmises.

Monsieur le ministre, j’ai beaucoup à vous dire.

Je dois vous remercier pour votre écoute et votre disponibilité au cœur de la crise pour répondre à mes appels, mes interpellations, mes questionnements, c’est une première je dois l’admettre. Jamais au cours des fonctions nationales que j’exerce depuis plus de 10 ans je n’ai pu avoir une relation aussi directe avec un ministre et son administration.

Ensuite je dois vous remercier pour les avancées cruciales pour la profession après des années d’immobilisme : « comment a-t-on pu abandonner comme cela votre profession », m’avez-vous dit.

Enfin, nous voyons sous votre impulsion notre profession évoluer. Il y a eu depuis peu la mise en place de la section du CNU de sciences de la rééducation. Même s’il manque encore la concrétisation du grade Master, fortement demandée par la profession. Mais je ne désespère pas.

Monsieur le ministre il y a des années que j’alerte vos prédécesseurs sur la crise inouïe que traverse l’exercice salarié, et que je dis régulièrement qu’en kinésithérapie, le premier désert médical c’est l’hôpital ; vous avez su entendre mes arguments.

Il y a en effet un effort considérable consenti pour les rémunérations de mes confrères salariés, mais il y a encore 3 000 équivalents temps pleins budgétés non pourvus à l’hôpital public, ce qui constitue une perte de chance pour les patients.

Maintenant, venons-en aux questions de mes confrères.

43 % concernent la rémunération. Il est de ma responsabilité de vous alerter. La profession se paupérise et les tarifs actuels ne permettent pas de répondre aux demandes de soins indispensables. La faible rémunération de certains actes ne permet tout simplement pas d’assurer l’équilibre économique d’un cabinet, privant ainsi les patients de soins.

L’autre demande forte qui émane des questions est une demande de reconnaissance, d’autonomie, et de considération. C’est ainsi qu’une grande partie des questions concerne l’accès direct à la kinésithérapie.

Monsieur le ministre, je suis convaincue que notre système doit évoluer, malgré les divers corporatismes et immobilismes. La vitesse à laquelle évolue notre société, notre monde, ne peut accepter des schémas d’organisation d’un autre temps, d’un autre siècle. Ce schéma d’ailleurs ne correspond plus à ce qui se fait en Europe et dans la majeure partie des pays développés.

À l’heure où de très nombreux Français peinent à trouver un médecin traitant, il existe la possibilité de s’appuyer sur d’autres professionnels. Vous l’avez déjà proposé en vous appuyant plus sur les infirmiers, les pharmaciens, les sages-femmes. Faites confiance aux kinésithérapeutes.

Monsieur le ministre, 100 000 kinésithérapeutes est-ce suffisant ? Là où certains voient des dépenses, je vois moi un investissement pour la santé de nos concitoyens, je vois un maintien facilité à domicile, je vois un retour plus rapide au travail, après un accident de la vie, un trouble musculo-squelettique, je vois un maintien de l’autonomie.

Alors évidemment cela coûte de l’argent, mais cela en fait gagner. De nombreuses études économiques menées dans d’autres pays en attestent.

J’ai la conviction que la kinésithérapie peut améliorer la santé de nos concitoyens en se recentrant sur son cœur de métier, le soin par le mouvement.

Sa création et son organisation sont en grande partie liées à la rééducation des blessés de guerre. Elle a toujours su répondre depuis lors aux enjeux cruciaux de santé publique. À l’heure où l’on parle de sédentarité, à l’heure où l’on parle de nécessité de promouvoir l’activité physique eh bien il semble qu’il est temps de redécouvrir les bienfaits de la kinésithérapie, notamment dans le cadre de la prévention.

J’ai envie de vous inviter, monsieur le ministre, à conclure un pacte avec les kinésithérapeutes en intégrant un nouveau positionnement de notre profession dans l’organisation générale de la santé, avec de nouveaux droits certainement, mais qui seront autant de nouveaux devoirs envers les patients.

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