Pédiatrie menacée, Enfants en danger

Toute menace de dégradation et de raréfaction de la pédiatrie constitue un danger majeur pour la santé de l'enfant. C'est la raison pour laquelle le Groupement des Pédiatres de la Gironde, soutenu par l'ensemble des pédiatres aquitains, souhaite alerter l'opinion ainsi que les pouvoirs publics sur la menace réelle de disparition de leur profession. Depuis près d'un mois, les pédiatres libéraux sont en grève en maternité. Une démission a été décidée pour le 17 avril en Aquitaine, si les négociations en cours entre le SNPF (Syndicat National des Pédiatres Français) et les pouvoirs publics ne présentent pas d'avancées significatives à cette date.

"Surcharge de travail, manque de reconnaissance, très faibles revenus : la situation du pédiatre ne cesse de s'aggraver et explique en partie le vieillissement croissant de cette population médicale en France" déclare Gérard Hamelin, Président du Groupement girondin.

Une lettre ouverte, faisant état de ces revendications, a été adressée le 8 avril au soir aux principaux candidats à l'élection présidentielle, et notamment à Lionel Jospin à l'occasion du meeting qu'il tiendra à Bordeaux le 11 avril prochain.

LE CONSTAT

Des conditions d'exercice difficiles :

Le temps de travail moyen d'un pédiatre est de 52 heures par semaine, auquel s'ajoutent, pour la plupart, les temps d'astreinte ou de gardes de jour comme de nuit sans repos compensateur. De plus, l'angoisse générale et les exigences croissantes des familles augmentent la pénibilité de l'exercice pédiatrique et engagent très largement la responsabilité du pédiatre.

Une pénurie de pédiatres :

Cette situation rend la profession peu attrayante aux yeux des étudiants et explique l'insuffisance du nombre de pédiatres en formation. Alors que former 200 pédiatres ne suffirait pas à combler le déficit des postes prévisible en France d'ici 2015, seulement 165 l'ont été cette année, dont 6 en Gironde.

De plus, malgré les promesses ministérielles, aucun poste pédiatrique supplémentaire n'a été créé en 2000, et seulement 17 l'ont été en 2001.

Les pédiatres ont les revenus les plus faibles de tous les médecins :

De 14% inférieur à ceux des médecins généralistes et de 33% inférieur au revenu moyen de l'ensemble des médecins, le revenu net des pédiatres se situe 45 % en dessous du revenu moyen de l'ensemble des spécialistes. Ceci s'explique notamment par la longueur des consultations et le temps consacré aux nombreuses astreintes qui limitent le nombre des prestations médicales rémunérées.

Une position incohérente au vu de 12 ans de formation que demande une spécialité difficile, soit une durée de 4 ans supplémentaire à celle des généralistes et identique à celle des autres spécialistes.

Un manque de reconnaissance :

Le faible nombre des pédiatres dans le paysage médical français diminue ses possibilités de reconnaissance :

- par ses confrères : la formation continue est gérée par les médecins généralistes et les sujets pédiatriques sont exceptionnels;

- par les pouvoirs publics et les syndicats pluri-catégoriels : leurs revendications sont sous estimées, en particulier la reconnaissance du statut de pédiatre comme un spécialiste indispensable, la reconnaissance de l'acte pédiatrique comme un acte spécifique et rétribué à sa juste valeur, ainsi que le maintien de la démographie pédiatrique.

Vers une disparition de la profession :

La population pédiatrique vieillit (âge moyen compris entre 48 et 52 ans selon les régions) : 6,6% des pédiatres ont moins de 40 ans contre 10,2% de plus de 60 ans. Qu'adviendra-t-il de la pédiatrie quand les 41% de pédiatres qui ont entre 40 et 50 ans prendront leur retraite ?

Une menace pour les enfants :

La disparition de la pédiatrie constitue une menace lourde pour la santé de l'enfant :

- manque de pédiatres dans les maternités pour assurer la sécurité de la naissance,

- manque de pédiatres pour le suivi des enfants en libéral et en médecine communautaire, (crèches, pmi…)

- manque de pédiatres pour les soins pédiatriques qui déborderont alors l'hôpital,

- manque de pédiatres vacataires à l'hôpital où l'afflux des patients augmentera en consultation et aux urgences,

- manque de pédiatres dans les institutions spécialisées pour enfants porteurs de handicaps, - manque de pédiatres dans les grandes zones non urbanisées,

- manque de pédiatres pour détecter les inadaptations sociales

Les attentes

Les pédiatres réclament auprès des pouvoirs publics :

- une vraie politique de santé pour l'enfant

- une augmentation du nombre de pédiatres en formation

- un tarif spécifique de consultation

- une revalorisation de la consultation et des actes d'urgence

- des astreintes de garde rémunérées de jour comme de nuit

"Exercée en ville ou à l'hôpital, la pédiatrie n'est pas une spécialité comme les autres; c'est un ensemble de compétences spécifiques appliquées à une tranche d'âge allant de 0 à 15 ans. Dans cette tranche d'âge, il existe de grandes différences selon l'âge considéré : on ne soigne pas un nouveau-né à terme comme un prématuré de 800 grammes, comme un enfant d'âge scolaire ou préscolaire, ou encore comme un adolescent".

Professeur J.L. Demarquez

 

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