Hôpital : les annonces du Président pour sortir de la crise

Hôpital : les annonces du Président pour sortir de la crise Le chef de l’État a dévoilé vendredi dernier son plan pour sortir de la « crise sans fin » qui gangrène l’hôpital.

Réorganisation du temps de travail

Le Président veut « remettre à plat », le système actuel « d’ici au 1er juin » pour « bâtir un nouveau système plus cohérent ». « On doit travailler ensemble à une meilleure organisation du temps de travail » en se positionnant à l’échelle non pas des établissements mais des services. En effet, il souhaite leur donner plus d’autonomie afin de les rendre plus attractifs aux yeux des soignants qui les quittent. S’il a déploré la rigidité des 35 heures qui ne fonctionne qu’avec les heures supplémentaires, le ministre de la Santé a précisé aujourd’hui qu’il ne s’agissait pas de mettre fin aux 35 h à l’hôpital. Le Président souhaite que des personnels administratifs supplémentaires puissent être mobilisés directement dans les services afin de dégager du temps pour les soignants.

Une gouvernance bicéphale pour l’hôpital

Le Président propose d’instaurer un tandem « administratif et médical », sur la base d’un « projet », à la tête des hôpitaux. Il entend donner plus de place aux médecins et répondre à ceux qui critiquent une dérive bureaucratique de la gestion hospitalière.

Fin de la T2A

« On doit sortir de la tarification à l’activité dès le prochain projet de loi de financement de la sécurité sociale pour aller vers un nouveau financement qu’on doit rebâtir… Il faut qu’il y ait une part structurante de la rémunération qui repose sur des objectifs de santé publique négociés à l’échelle d’un territoire et une autre part de rémunération à l’activité, ce qui est tout à fait légitime… Personne ne peut plus supporter que les établissements se fassent une concurrence visible» Le Président a expliqué la T2A seule génère des dysfonctionnements, prend mal en compte les soins non programmés ainsi que les soins chronophages notamment en pédiatrie et en psychiatrie.

Le chef de l’État a également promis une revalorisation pérenne des gardes, des astreintes et du travail de nuit.

Former plus de soignants

Le Président souhaite former de plus en plus de soignants. Il a rappelé que les places ouvertes aux concours d’infirmiers avaient augmenté de « plus de 20 % en trois ans », tout en regrettant que trop d’élèves n’aillent pas au bout du cursus. Il prône « un système plus responsabilisant » pour que les infirmières restent à l’hôpital.

Les réactions des organisations professionnelles oscillent entre optimisme et circonspection.

La FHF accueille très positivement plusieurs des mesures annoncées, et l’objectif affiché d’une solidarité et d’une coopération réelles et renforcées dans chaque territoire entre tous les acteurs de la santé. La FHF se félicite également que plusieurs de ses propositions aient été reprises par Emmanuel Macron.

« Je me félicite que le Président ait entendu le besoin de former davantage de professionnels et de réviser les modalités de formation, et de mieux partager les contraintes en matière de permanence des soins entre l’hôpital public, le secteur privé et les professionnels de ville. Son annonce de la revalorisation pérenne des gardes, astreintes et du travail de nuit à l’hôpital était très attendue : je la salue sans réserve et rappelle qu’il s’agit de travaux prioritaires.

 Au-delà, la sortie de la tarification à l’activité au profit d’objectifs de santé publique sera jugée sur sa mise en œuvre technique : définir des dotations partant des besoins de santé est un très bon principe, mais il faut absolument que le même modèle s’applique à l’hôpital public comme au secteur privé, pour éviter un système à deux vitesse délétère pour les patients et les soignants, comme nous l’avons connu dans les années 1970. Enfin, j’exprime mon soutien au Président sur le sujet de l’exercice collectif : oui, il faut penser en équipe, partager les actes, à condition de conserver un médecin référent.

Je dis cependant ma vigilance sur trois sujets. La réforme du temps de travail sera utile, mais ne doit pas se faire à marche forcée, pour ne pas désorganiser l’hôpital. Sur la gouvernance, j’observe que le tandem administratif/médical évoqué est déjà largement une réalité, la codécision directeur/médecin ayant été généralisée en 2021 avec les ordonnances de médicalisation. Un équilibre opérationnel est à trouver. Enfin, le message de responsabilisation des patients est utile, mais devra faire l’objet d’une mise en œuvre prudente, notamment sur la notion de recours abusif, pour éviter des renoncements aux soins. » Arnaud Robinet, président de la FHF

Pour le Quotidien du médecin, le Dr Jean-François Cibien (Action Praticiens Hôpital) salue des mesures fortes. «Sur la permanence des soins, la pénibilité semble enfin prise en compte. C’est important, car nous devons partager cette charge. Cela ne doit pas toujours être les mêmes qui font ce que les autres ne peuvent pas faire. Sur la gouvernance, le tandem administratif et médical est une bonne chose. Mais à condition que le directeur “médical” de l’hôpital n’ait pas à passer par l’EHESP, sinon, on va en faire une hydre! Je suis aussi favorable à la suppression de la T2A, mais il faut aller au bout de la démarche.»

Le SNPARE est de son côté plutôt déçu des annonces présidentielles.

«Nous sommes un peu déçus. J’ai l’impression que l’on reste sur des rustines. Il faut donner envie aux gens de faire le métier du soin, de rester à l’hôpital. Son discours ne fait pas rêver, il n’y a pas de vision. Il a parlé de la pratique avancée. Je ne suis pas contre le principe, mais attention à ne disqualifier le métier de médecin. Quand on parle de primodiagnostic ou de primoprescription, c’est un travail de médecin!» Dr Anne Geffroy-Wernet

Le porte-parole du syn­di­cat natio­nal des pro­fes­sion­nels infir­miers SNPI CFE-CGC s’est exprimé sur TF1 pour dénon­cer la remise en cause des 35 h à l’hôpi­tal, selon les annon­ces du Président Macron la veille. « La demande des soi­gnants est d’avoir les moyens de tra­vailler dans de bonnes condi­tions. Il faut embau­cher mas­si­ve­ment, pour aug­men­ter le nombre de soi­gnants auprès des per­son­nes hos­pi­ta­li­sées. Les normes inter­na­tio­na­les sont de 6 à 8 patients par infir­mière selon les patho­lo­gies, en France on cons­tate le double! Pour recru­ter et fidé­li­ser, il faut revoir les condi­tions de tra­vail. La vague de départs de soi­gnants est moti­vée par le refus de tra­vailler en sous-effec­tif et sous-payé!»

 

Crédit photo : Elysee.fr

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