MEDICAMENTS REMBOURSABLES :UNE ETUDE DE L’ASSURANCE MALADIE POUR COMPRENDRE LES PRINCIPALES EVOLUTIONS DE L’ANNEE 2004

Les principaux résultats de cette analyse des médicaments remboursables en 2004* montrent la poursuite de la croissance des co ûts à un rythme important ( 6% en 2004/2003) alors que le volume total de quantités vendues stagne (-0,1%, soit 1,8 milliards de boites).

 

Cette stagnation relative du nombre de boites n'empêche pas que les Français demeurent parmi les plus grands consommateurs de médicaments en Europe avec, par exemple, environ deux fois plus d'antibiotiques et de statines qu'outre Rhin (en nombre de doses consommées par jour par personne) 1 . L'Assurance Maladie poursuivra donc ses actions pour favoriser le bon usage des médicaments. Notons que si le taux de progression des dépenses de médicament au 1 er semestre 2005 est moins élevé, il continue de progresser deux fois plus vite que la moyenne des soins de ville ( 3,3 % contre 1,4% pour les soins de ville sur la période janvier- juillet 2005/ janvier- juillet 2004).

Cette forte progression des dépenses s'explique d'une façon générale par :

- le co ût particulièrement élevé des nouveaux médicaments mis sur le marché. Les médicaments dont le prix est supérieur à 15 euros la boite représentent aujourd'hui 63 % des dépenses de remboursement contre 49 % en 2000, alors même que ces médicaments représentent seulement 15 % des unités vendues. Beaucoup de ces médicaments chers concernent des affections chroniques (hypercholestérolémie, hypertension artérielle, asthme) et sont donc prescrits sur la durée. Le développement des génériques de ces molécules représente donc un enjeu essentiel pour l'Assurance Maladie.

- l'importance du co ût de la prise en charge à 100 % des médicaments. Près de 40 % des dépenses présentées au remboursement concernent des médicaments pris en charge à 100 % exonérés du ticket modérateur essentiellement au titre d'une affection de longue durée. Le respect des conditions de remboursement (seuls les médicaments liés à l'affection de longue durée du patient doivent être prescrits pour un remboursement à 100%) revêt donc une importance essentielle. Ce sera une des principales priorités d'action de l'Assurance Maladie au second semestre (cf.p 4).

Un classement globalement inchangé

Le classement des médicaments demeure globalement stable :

• en termes de quantités vendues, antalgiques (avec 315 millions de boites) et psycholeptiques (hypnotiques, anxiolytiques et antipsychotiques globalisant plus de 122 millions de boites) demeurent les première et deuxième familles de médicaments les plus prescrites. En troisième position, on retrouve les antibiotiques avec 87 millions de boîtes.

• Si les médicaments à service médical rendu insuffisant enregistrent de nouveau cette année une baisse de 8,5% des unités vendues en 2004 (après –7% en 2003), 3 principes actifs à service médical insuffisant se maintiennent dans les 15 premières prescriptions : la diosmine (veinotonique : DIOVENOR® et génériques, DAFLON®) se maintient au 7 ème rang, en progression de 2,4% (plus de 16 millions de boîtes), l'acétylcystéine et la carbocisteine (expectorants) occupant respectivement les rangs 13 et 15 (environ 12 millions de boîtes pour chacune de ces molécules en recul de 4,5 à 5%).

• en termes de co ûts, les médicaments anti-cholestérol demeurent la classe thérapeutique la plus co ûteuse pour l'Assurance Maladie (près d'un milliard d'euros) devant la principale famille de médicaments liés à l'hypertension artérielle (inhibiteurs de l'enzyme de conversion et « sartans ») et l'insuffisance cardiaque (872 millions). Ces deux classes sont suivies de près par la classe des anti-ulcéreux, anti-reflux et autres pansements gastriques (828 millions) et des antalgiques (799 millions).

La concentration des dépenses sur les premières spécialités pharmaceutiques continue de s'accentuer en 2004 : les 100 premiers produits représentent pratiquement la moitié des dépenses totales : 48,7% en 2004 contre 47,8% en 2003 et 46,4% en 2002 et les 10 premiers représentent 13,8% de ces mêmes dépenses.

Au total, les spécialités à SMR (service médical rendu) insuffisant ont représenté 619 millions de dépenses en 2004, en décroissance de seulement -1,4% contre – 9.3% en 2003. Ceci s'explique en partie par le fait que certains vasodilatateurs périphériques et centraux pris en charge à 35% ont fait l'objet à mi-2003 d'une décision de prise en charge à 65% par le Conseil d'Etat, mesure qui s'est traduite en année pleine sur 2004. En 2005, ces spécialités seront de nouveau prise en charge à 35% (Journal officiel du 7 décembre 2004 applicable au 7 janvier 2005).

Les nouveaux médicaments remboursables en 2004

Parmi les 499 présentations inscrites en 2004, 351 sont des génériques ou autres spécialités similaires (70%), 98 des nouveaux dosages, formes pharmaceutiques, conditionnements ou nouvelles associations de principes actifs connus et 50 seulement des nouveaux principes actifs correspondants à 19 molécules et 22 produits. Parmi ces 19 molécules nouvelles, on ne compte aucune amélioration du service médical rendu (ASMR) majeure (ASMR niveau I), 1 ASMR importante (niveau II), 8 ASMR modeste (niveau III), 2 ASMR mineure (niveau IV), 5 molécules n'apportant pas d'ASMR et 3 molécules à double ASMR selon la population cible avec généralement une ASMR V pour l'indication principale.

Les actions de l'Assurance Maladie en matière de régulation médicalisée des dépenses de médicaments

La régulation des dépenses de médicaments représente un enjeu essentiel pour la maîtrise des dépenses de santé. L'objectif de l'Assurance Maladie consiste à promouvoir le juste soin au juste prix.

Vis à vis des prescripteurs : il s'agit de les sensibiliser aux recommandations de bonnes pratiques de prescription élaborées par les autorités sanitaires. Avec la convention médicale de janvier 2005, les médecins s'engagent à réduire les prescriptions inappropriés de statines, d'antibiotiques et de certains psychotropes (hypnotiques et anxiolytiques). A efficacité comparable, l'objectif est également de réduire les dépenses de médicaments grâce, d'une part à une large prescription de génériques, d'autre part au choix des principes actifs les moins onéreux. L'accent est mis également sur la nécessité d'un meilleur respect des règles de prise en charge de l'Assurance Maladie (remboursement à 100 % des médicaments uniquement pour les médicaments liés aux affections de longue durée, respect des indications thérapeutiques remboursables).

Pour soutenir l'engagement des médecins libéraux dans cette démarche, l'Assurance Maladie a mis en place un programme d'information spécifique : -les 700 délégués de l'Assurance Maladie ont rendu visite à l'ensemble des 50 000 médecins généralistes entre mars et fin juin 2005 pour leur présenter les engagements de maîtrise médicalisée de nouvelle convention médicale. -Les médecins conseils de l'Assurance Maladie ont contacté plus de 20 000 médecins qui prescrivent de manière importante ou inappropriée des psychotropes et des statines pour leur rappeler les recommandations de bonne pratique. -A partir de septembre 2005, les délégués de l'Assurance Maladie prendront de nouveau contact avec les médecins pour faire le point avec eux sur l'évolution de leurs prescriptions.

Vis à vis des assurés :

L'Assurance Maladie sensibilise les assurés au bon usage des médicaments au travers d'informations régulières dans sa lettre d'information mensuelle diffusée avec les relevés de remboursement. Les assurés semblent apprécier ce type d'informations puisqu'ils sont 2,4 millions de lecteurs par numéro en moyenne à déclarer la lire systématiquement.

Plus spécifiquement, l'Assurance poursuit en 2005-2006 son programme d'actions pour un meilleur usage des antibiotiques.

Pour promouvoir les génériques, l'Assurance Maladie recourt à des campagnes d'information dans les grands médias (chroniques sur les radios en juin et septembre 2005) et aux techniques de communication directes. Après une première expérimentation réussie en 2004 dans quelques départements, l'Assurance Maladie va systématiser dans les prochaines semaines l'envoi de courriers d'information personnalisés aux assurés qui « consomment peu de génériques » (cf dossier de presse de presse du 8 septembre 2005).

Les contrôles

Pour développer le bon usage des médicaments, l'Assurance Maladie privilégie une démarche d'information. Néanmoins, des contrôles ciblés peuvent s'avérer parfois nécessaires pour vérifier le respect des conditions de remboursement. L'Assurance Maladie vérifie ainsi si les prescriptions de deux médicaments anti­cholesterol (Crestor ® et Ezetrol®) correspondent aux indications thérapeutiques remboursables 3 . Dans un premier temps, un courrier de rappel de ces indications a été ainsi envoyé au cours de l'été à 2000 médecins qui semblaient ne pas les respecter, au vu remboursements effectués à leurs patients (données détenues par l'Assurance Maladie). De même, l'Assurance Maladie va vérifier que les prescriptions des inhibiteurs de la pompe à proton (anti-ulcéreux de type Mopral ®) respectent bien les conditions de remboursements pour les patients qui bénéficient d'une prise en charge à 100 % au titre d'une affection de longue durée (rappelons que ce médicament ne doit être prescrit pour un remboursement à 100% que s'il est lié à l'affection de longue durée du patient).

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