Cœur brisé, un syndrome cardio-vasculaire à ne pas prendre à la légère, surtout à la saint-valentin

Cœur brisé, un syndrome cardio-vasculaire à ne pas prendre à la légère, surtout à la saint-valentin Si le syndrome du cœur brisé n'a été décrit que dans les années 1990, il semblerait selon les dernières données scientifiques que cette pathologie cardiaque méconnue soit de plus en plus diagnostiquée sous l'effet des progrès de l'imagerie médicale. Provoquant des symptômes proches de l'infarctus, et liée d'une manière générale à un stress aigu physique ou émotionnel, elle toucherait désormais pas moins de 2.2% de la population dont 90% de femmes ménopausées.

Le syndrome du coeur-brisé appelé aussi cardiomyopathie de Tako-Tsubo

Tako-Tsubo, c'est ainsi que des cardiologues japonais ont les premiers décrits ce syndrome cardiovasculaire dans les années 1990. Il s'agit d'un pot en céramique utilisé par les pêcheurs japonais pour piéger les poulpes. Sous l'effet d'un stress physique ou émotionnel intense, le ventricule gauche s’immobilise et gonfle comme un ballon. Le cœur prend la forme de ce piège à poisson et entraine les symptômes d’un infarctus : sensation d’oppression, douleur dans la poitrine, difficultés respiratoires et palpitations.

 

« Sous l’influence d’un stress important, de grandes quantités d’hormones (dont l’adrénaline…) sont libérées dans le sang et sidèrent le cœur ». explique Eric BONNEFOY CUDRAZ, chef du service d’urgences cardiaques de l’hôpital Louis Pradel-HCL. « On constate alors les symptômes d’un infarctus mais sans que le muscle cardiaque subisse de dommages. Le cœur se rétablit assez rapidement, contrairement à un infarctus, où la convalescence dure plusieurs mois ».

Dans 20 % des cas des complications sont à prévoir.

Si dans la grande majorité des cas, le rétablissement dure quelques jours voire quelques semaines, les risques de complications ne sont pas négligeables pour autant. Selon la Fédération Française de Cardiologie (FFC), il peut s’en suivre des troubles du rythme ventriculaire parfois graves avec menace de mort subite, une insuffisance cardiaque aigüe, des caillots de sang dans le cœur inerte qui peuvent entrainer d’autres accidents artériels en cascade comme l'accident vasculaire cérébral.

Un syndrome qui touche d'abord les femmes ménopausées

En 2015, des chercheurs de l’université de Zurich ont publié dans le New England Journal of Medecine, les conclusions suivantes lors d'une étude de 1750 cas recensés entre 1998 et 2014:
- le taux de mortalité de la maladie de Tako-Tsubo (3,7%) serait presque aussi élevé que celui des crises cardiaques dues à un infarctus du myocarde (5,3%).
- il concerne environ 2% des hospitalisations pour infarctus du myocarde et son diagnostic sera un diagnostic d’élimination une fois l’infarctus écarté par l’angiographie des coronaires (Bybee et al. 2004).
- 30% des cas étaient liés à un stress émotionnel (rupture amoureuse, deuil, colère, licenciement mais aussi grande joie), les 70% restant s'expliquant par un stress physique
- 90% des cas concernaient des femmes ménopausées d'un âge moyen de 66 ans, ce qui pourrait s'expliquer par l'absence de l'effet protecteur et relaxant des œstrogènes selon la FFC. 
- Le tako-tsubo toucherait 2,2% de la population

Une prise en charge en urgence visant à minorer les risques de complication

La prise en charge initiale est semblable à celle d'un infarctus du myocarde: centre 15, urgences cardiaques et observation en soins intensifs.

Si l’électrocardiogramme, l’échographie cardiaque et les dosages répétés de la troponine ne sont pas suffisants pour différencier le syndrome du cœur brisé d'un infarctus, une angio coronarographie avec étude du ventricule gauche ou une IRM cardiaque devrait permettre l'établissement du diagnostic.

Le traitement est avant tout symptomatique et vise à restaurer la fonction cardiaque en évitant les risques de complication : bêta-bloquants, inhibiteurs ACE et anticoagulant peuvent être prescrits temporairement.

La prévention des situations de stress reste le meilleur rempart contre les risques faibles de récidives ou d'une manière générale comme outil de prévention.


La FFC met à la disposition des professionnels et des patients une brochure sur le sujet.

 

 

 

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