Le SNPI réclame un plan Marshaal pour les infirmières

Le SNPI réclame un plan Marshaal pour les infirmières Le Syndicat National des Professionnels Infirmiers (SNPI) a récemment publié un communiqué alarmant sur la situation des infirmières en France. Entre conditions de travail dégradées, rémunération insuffisante et sentiment d'insécurité, le tableau dressé est sombre et appelle à une prise de conscience urgente.

Rémunération : un écart préoccupant avec nos voisins européens

Le Ségur de la santé, bien qu'ayant apporté une augmentation salariale, n'a pas suffi à combler l'écart significatif entre la rémunération des infirmières françaises et celle de leurs homologues européennes. En effet, malgré cette hausse, les infirmières françaises restent payées 10% en dessous de la moyenne européenne. Cette situation les pousse à envisager des opportunités à l'étranger, notamment en Belgique, où les salaires sont supérieurs de 30%, ou en Suisse, où le salaire brut est doublé. Thierry Amouroux, porte-parole du SNPI, insiste sur le fait que les soignants, qui travaillent sans relâche, méritent une rémunération à la hauteur de l'importance vitale de leur travail, de leur niveau de compétence, de formation et de responsabilité.

« Il faut également revoir le financement des contraintes (travail de nuit, le week- end,..) : un euro l’heure de nuit, c’est méprisant. Nous ne demandons pas l’aumône.»

Sous-effectif : une réalité qui pèse sur les épaules des infirmières

La France est loin des normes internationales en matière de ratio patients par infirmière. Alors que ces normes préconisent un ratio de 6 à 8 patients, les infirmières françaises se retrouvent souvent avec le double de patients à charge. Cette surcharge de travail, couplée à un manque de personnel, conduit à des conditions de travail indignes. Thierry Amouroux évoque la nécessité d'un "plan Marshall" pour sauver l'hôpital. Il met en avant les exemples positifs de la Californie et de l'État de Victoria en Australie, où l'instauration de ratios a non seulement amélioré les conditions de travail, mais a également permis d'attirer et de retenir les soignants.

« Alors qu’il y a déjà 60.000 postes infirmiers vacants et que 10% des soignants sont en maladie, épuisement, dépres- sion, burnout, il y a urgence à agir. Nous avons besoin d’un plan Marshall sur sauver l’hôpital, avec des ratios compatibles avec la qualité des soins, une revalorisation des salaires, et une amélioration des conditions de travail ... Ce sont les conditions de travail qui font fuir les professionnels infirmiers ou qui les obligent à quitter leur profession. Les ratios professionnels en soins/patients sont la mesure structurante pour attirer et retenir le personnel soignant. »

Le Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI CFE-CGC alerte régulièrement sur le doublement de la charge de travail infirmier depuis 10 ans.

« Le travail s’est densifié, au regard de la croissance et de la modification de l’activité, caractérisée par un virage ambulatoire, une augmentation de la sévérité des séjours et de l’âge moyen des patients en hospitalisation complète et une contraction de la durée moyenne de séjour.»

Conditions de travail : entre insécurité et perte de sens

Les infirmières sont régulièrement confrontées à des situations difficiles : rappels sur repos, heures supplémentaires non désirées, refus de temps partiel, changements d'horaires imprévus. Cette instabilité est source de stress et d'insécurité professionnelle. De plus, le manque de formation continue et la polyvalence imposée par certaines directions hospitalières mettent les infirmières dans des situations délicates. Le sentiment d'être traitées comme de simples pions, sans considération pour leurs compétences et leur bien-être, est courant.

« Chaque patient est unique et doit être traité comme tel. Mais on a transformé l’hôpital en usine à soins. Cela nie tout ce qui fait le cœur du métier. Le patient n’est pas un objet de soins : il a des peurs, il a des questions. Nous devons expliquer la maladie et le traitement. Ce travail d’éducation, de relation d’aide, d’accompagnement ne rentre pas dans les cases de l’administration. » Thierry Amouroux, porte-parole du SNPI

L'Observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS) rapporte que 35 infirmières sont agressées chaque jour dans les hôpitaux français. Ce chiffre alarmant témoigne d'un sentiment d'insécurité grandissant. Les infirmières expriment également leur frustration face à la transformation de l'hôpital en "usine à soins", où le patient n'est plus considéré comme un individu unique, mais comme un simple objet de soins.

Un appel à l'action

Le SNPI alerte régulièrement sur la dégradation des conditions de travail des infirmières. La charge de travail a doublé en 10 ans, et cette densification s'accompagne d'une augmentation de la sévérité des séjours et de l'âge moyen des patients. Pour garantir la sécurité des soins et l'égalité de traitement des patients, le SNPI insiste sur la nécessité d'instaurer des ratios normés d'infirmiers au lit dans tous les services.

La crise de la COVID-19 a mis en lumière les dysfonctionnements du système de santé français. Les équipes de soins, déjà surchargées et épuisées, se retrouvent dans l'obligation de prioriser certains soins, au détriment des patients et de leurs proches. Cette situation est le résultat de compressions budgétaires successives, avec un ONDAM (Objectif National des Dépenses d'Assurance Maladie) régulièrement inférieur aux besoins réels des hôpitaux.

Le SNPI dresse un tableau sombre de la situation des infirmières en France. Entre conditions de travail déplorables, rémunération insuffisante et sentiment d'insécurité, le secteur est en crise. Il est impératif de prendre des mesures concrètes pour garantir la qualité des soins et le bien-être des professionnels de santé.

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1 réaction(s) à l'article Le SNPI réclame un plan Marshaal pour les infirmières

  • MyPassion

    Florence VALLEE-FABRE| 23/09/2023- REPONDRE

    Je partage totalement et soutiens mes confrères hospitaliers !
    Les difficultés deviennent aussi importantes en libéral ;nous ne nous sentons pas toujours en sécurité et les prises en charge à domicile sont parfois de plus en plus difficiles et compliquées !
    Alors qu’on prône l’ambulatoire et le maintien à domicile,notre nomenclature n’est pas toujours adaptée,nos rémunérations non plus.

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