Cancers de l'appareil digestif: moins de risques dans le sud de la France

La répartition géographique des cancers de l'appareil digestif en France comporte d'importantes disparités. La revue Etudes et Résultats de la DREES (Direction de la Recherche, des Etudes, de l'Evaluation et des Statistiques) présente, dans son numéro de mars 2000, la répartition régionale des ces cancers dans l'hexagone. Dans l'ensemble, les habitants du sud de la France sont moins touchés par ces affections.

Les cancers de l'appareil digestif sont étroitement liés aux habitudes alimentaires, à la consommation d'alcool et de tabac et donc à des comportements socioculturels spécifiques à certaines régions. Les résultats présentés sont extraits de l'Atlas de la santé en France rédigé par G. Salem, S.Rican et E. Jougla.

Les auteurs ont étudié la répartition géographique de trois types de cancers: les cancers des voies aéro-digestives supérieures (VADS), les cancers de l'intestin et les cancers de l'estomac.

Les tumeurs des VADS (bouche, pharynx, larynx et œsophage) ont été responsables de 13000 décès par an entre 1988 et 1992. Ces cancers sont la 5° cause de décès après les infarctus, les maladies vasculaires cérébrales, les cancers du poumon et de l'intestin. Les auteurs précisent que la France présente un des plus mauvais scores dans ce domaine parmi les pays développés. Ces affections touchent 10 fois plus d'hommes que de femmes. La catégorie socioprofessionnelle est déterminante: le nombre d'ouvriers-employés atteint par ces maladies est 10 fois supérieur à celui des cadres et professions libérales. La population concernée est relativement jeune puisque plus de la moitié des décès intervient entre 34 et 64 ans. L'alcoolisme et le tabagisme sont les deux facteurs de risque essentiels et leur association multiplie les risques de cancers. Une alimentation riche en graisses saturée augmente également les risques de cancer des VADS. La mortalité liée à ces cancers est particulièrement importante dans "le croissant nord de la France" (de la Bretagne à l'Alsace) et concerne les hommes en majorité. On note également une mortalité importante en région parisienne dans les départements de la Seine-Saint-Denis, du Val d'Oise et du Val de Marne. Les zones méridionales sont en situation de sous mortalité et particulièrement les régions Midi-Pyrénées et Tarn-et-Garonne. Les femmes les plus exposées sont les habitantes du nord de la France, de la Seine-Saint-Denis et celles vivant en bordure de la méditerranée. Le risque est supérieur en zone urbaine mais est plus marqué chez les hommes que chez les femmes.

Les cancers de l'intestin (intestin grêle, colon, rectum et anus) sont plus fréquents que les cancers des VADS et les hommes y sont légèrement plus exposés. Ils ont causé 16000 décès par an entre 1988 et 1992. La consommation d'alcool, de graisse et de viande sont des facteurs de risque déterminants. Ce risque "augmente considérablement avec l'âge des patients". La population masculine est particulièrement touchée en Alsace et en Bourgogne; le taux de mortalité reste très élevé dans le nord-est de la France. Selon les auteurs, la répartition géographique des taux masculins et féminins "présente quelques spécificités originales qui restent à expliquer": le Nord-Pas-de-Calais, la Picardie, la Haute-Normandie, l'Ile-de-France ainsi que l'Alsace et la Lorraine à l'est présentent une surmortalité féminine. Une fois encore, le sud de la France paraît relativement épargné.

Les cancers de l'estomac ont provoqué, entre 1988 et 1992, environ 6700 décès. Le risque de la population masculine est le double de celui de la population féminine; 80 % des décès concernent des personnes de plus de 65 ans."Ce type de cancer est lié à la consommation d'aliments conservés par salaisons et fumaisons et à une alimentation pauvre en fruits et légumes", précisent les auteurs. De plus, les infections dues à Helicobacter pylori constituent un facteur de risque supplémentaire. Concernant les zones de forte activité économique, deux tendances se dessinent: le quart nord-ouest du pays ainsi que le sud du Limousin et de l'Auvergne présentent une surmortalité tandis que les régions du sud (notamment le Languedoc-Roussillon, les Midi-Pyrénées et l'estuaire de la Gironde) ont de faibles taux de mortalité. Contrairement aux cancers des VADS, les risques de cancer de l'estomac sont plus élevés dans les petites villes. Les auteurs notent cependant la persistance d'un taux de mortalité élevé dans le sud du Massif Central et du Limousin ce qui "appelle une géographie plus affinée des pratiques alimentaires".

Ce "relevé topographique" des cancers de l'appareil digestif suggère que certaines habitudes alimentaires régionales favorisent ces affections. Comme l'indiquent les auteurs: "Il n'est pas évident à la matière que tradition se conjugue avec santé". Eliminer ces facteurs de risque est une entreprise délicate car cela signifierait changer des traditions régionales.

Source: DREES, Revue Etudes et Résultats; mars 2000: n°53. Atlas de la santé en France, Vol I: Les causes de décès, G. Salem, S. Rican, E. Jougla, Paris, John Libbey, 2000.

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