Aurélien Rousseau : le nouveau visage du ministre de la Santé

Le 20 juillet 2023, Aurélien Rousseau, ancien directeur de cabinet d’Élisabeth Borne, a été nommé ministre de la Santé. Cette nomination a surpris de nombreux observateurs, mais elle témoigne de la confiance que le président de la République, Emmanuel Macron, accorde à ce professionnel aguerri. Son parcours politique et son expérience en matière de gestion des crises font de lui un choix solide pour diriger le ministère de la Santé.

Un parcours engagé

Aurélien Rousseau, le nouveau ministre de la Santé, est un personnage politique expérimenté et respecté. Né à Alès en 1976, Rousseau a commencé sa carrière en tant que professeur d’histoire-géographie à Bondy, en Seine–Saint-Denis. Il est diplômé de l’École nationale d’administration (ENA), où il était dans la même promotion que le ministre Clément Beaune et l’ancien eurodéputé FN Florian Philippot.

L’engagement politique d’Aurélien Rousseau est profondément ancré dans sa vie personnelle. En tant que petit-fils de résistant, il a grandi dans une famille où la politique occupait une place centrale. Sa mère est une fervente admiratrice de Michel Rocard, tandis que l’une de ses grand-mères est élue communiste. C’est donc tout naturellement qu’il s’est tourné vers le Parti communiste français et qu’il a participé activement à la vie politique locale.

Au niveau national, il s’est engagé très tôt, aux côtés de l’ancien maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë. Sa carrière politique a été marquée par des collaborations avec des personnalités de premier plan, telles que Manuel Valls et Bernard Cazeneuve, lorsqu’il a occupé le poste de directeur de cabinet adjoint et conseiller social à Matignon sous le gouvernement de François Hollande.

Il a également servi en tant que directeur de l’Agence régionale de la Santé d’Île-de-France de 2018 à 2021, où il a travaillé aux côtés d’Olivier Véran pendant la crise sanitaire. Avant sa nomination en tant que ministre de la Santé, il était le directeur de cabinet d’Élisabeth Borne, la Première ministre.

Une expertise en gestion de crises

Aurélien Rousseau s’est distingué par son expertise en gestion de crises. Il a occupé des postes clés pendant des périodes tumultueuses de l’histoire récente de la France. En tant que directeur adjoint de Manuel Valls et de Bernard Cazeneuve à Matignon, il a été confronté à la vague d’attentats terroristes qui a frappé le pays entre 2015 et 2017. Par la suite, en tant que directeur de l’Agence régionale de Santé d’Île-de-France, il a dû faire face à la crise du Covid-19 et gérer les hôpitaux débordés, le manque de matériel et les déploiements initiaux des vaccins.

Sous le mandat de François Hollande, Aurélien Rousseau s’est également impliqué dans la réforme du travail. En tant que conseiller social de Manuel Valls, il a joué un rôle clé dans l’élaboration de la controversée loi Travail portée par Myriam El Khomri. Il a travaillé sur des questions essentielles telles que la santé, l’éducation et la culture. Son expérience dans ce domaine lui confère une connaissance approfondie des enjeux liés au monde du travail.

Une expérience à l’Agence Régionale de Santé d’Île-de-France

Avant sa nomination en tant que ministre de la Santé, Aurélien Rousseau a occupé le poste de directeur général de l’Agence régionale de Santé d’Île-de-France. Cette expérience lui a permis de se familiariser avec les problématiques spécifiques de la région, fortement touchée par la crise sanitaire due au Covid-19.

Durant son mandat, il a dû faire face à des défis majeurs, notamment la pénurie de lits de réanimation lors de la première vague de l’épidémie, une situation qui a failli conduire à un scénario « à l’italienne », avec des hôpitaux submergés. Il a également dû gérer la pénurie de masques et de blouses, ainsi que la fatigue des soignants.

En 2021, l’ARS a continué à faire face à la crise du Covid-19 avec une forte mobilisation pour le déploiement de la vaccination, l’accès à l’offre de dépistage, et l’évacuation de patients.

Aurélien Rousseau a été salué pour son ton précis et direct lors de ses interventions publiques, tranchant avec les réponses évasives ou inexistantes des autorités de santé. Son expérience à l’ARS lui a valu une certaine reconnaissance et une légitimité dans le domaine de la santé et a été probablement l’atout maître dans sa nomination en tant que ministre de la Santé.

Aurélien Rousseau a également vécu une expérience personnelle qui a marqué sa vie et qui a renforcé son engagement en faveur de la santé. Il a été atteint du syndrome de Guillain-Barré, une maladie neurologique rare qui l’a laissé paralysé pendant des mois. Son combat contre cette maladie a inspiré son livre « Boucle d’or », dans lequel il raconte son histoire et sa lutte contre son propre corps.

En tant que ministre de la Santé, Rousseau est confronté à de nombreux défis, notamment la gestion d’un système de soins en crise, le manque de médecins et l’augmentation des besoins en santé d’une population vieillissante. Il devra également gérer le projet de loi sensible sur la fin de vie.

Les réactions à nomination

La nomination d’Aurélien Rousseau a suscité de nombreuses réactions. Jean-Pierre Perret, maire de Saint-Hilaire-de-Brethmas, a déclaré : « Je suis fier de lui et heureux pour lui. C’est tellement mérité. C’est un fonctionnaire qui a toujours beaucoup travaillé dans l’ombre, aujourd’hui cela va changer. Il fait l’unanimité de tous bords politiques. »

Sur France3 Michel Sala, député LFI-Nupes du Gard estime que «  Sa tâche sera rude pour que la France retrouve un service de santé auquel ont droit tous les habitants de notre pays. Le Gard sera un excellent test tant la situation des maternités et des urgences est détériorée et nos villages en manque de médecine de proximité. »

« Il a, quand il dirigeait l’ARS d’Île-de-France, plutôt bien géré la crise du Covid-19 et ça a été assez rare. Il a su montrer un certain courage, je pense à ses prises de position provaccination qui lui ont valu de multiples attaques et menaces. Il a fait front à cela. C’est quelqu’un de courageux, quelqu’un d’imaginatif » estime Jérôme Marty pour Franceinfo. Il considère sur le Quotidien du Médecin qu’Aurélien Rousseau est le bon candidat pour le ministère de la Santé, mais s’interroge toutefois sur sa capacité à faire face à la puissance administrative et au poids de l’Élysée dans le domaine de la Santé.

Toujours sur Franceinfo, Christophe Prudhomme, urgentiste et porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF), a exprimé ses inquiétudes : « Il fait partie des ultralibéraux, il n’est plus du tout à gauche. On a bien vu que quand il a été directeur de l’ARS d’Ile-de-France, il a largement favorisé la fermeture de lits, les restructurations qui aboutissent au fait qu’en plein été nous ne savons quoi faire des malades parce qu’il y a énormément de lits de fermés… Je pense que ça va être pire parce qu’à la différence de François Braun qui était de la société civile, un médecin, Aurélien Rousseau est un vrai politique très proche d’Emmanuel Macron. On risque d’avoir une accélération de la politique de destruction de l’hôpital public. »

Pour le Quotidien du Médecin, le Dr Franck Devulder (CSMF) estime que la nomination d’Aurélien Rousseau aurait pu être pire. S’il souligne sa réputation de sérieux et d’écoute, il attend de voir quelles seront les actions du nouveau ministre en faveur de la médecine libérale. La Dr Agnès Giannotti (MG France) considère qu’Aurélien Rousseau est une personne avec qui on peut discuter et qui maîtrise ses dossiers. Elle lui souhaite bon courage pour construire un nouveau système de santé. La Dr Sophie Bauer (SML) note le profil technocratique d’Aurélien Rousseau et attend de voir sa feuille de route. Elle souligne l’importance de revaloriser la médecine libérale pour encourager les jeunes à s’installer.