Les soins de qualité visent les besoins des clients

La qualité des soins est importante pour tous les clients de la planification familiale, mais surtout pour les femmes dans le post-partum, qui voudront peut-être espacer les naissances futures, et les femmes dans le post-abortum, qui voudront peut-être éviter d'autres grossesses non planifiées. Souvent, les agents de santé qui s'occupent de ces deux catégories de femmes les considèrent comme étant toutes pareilles. Cependant, les expériences, les besoins de santé et les objectifs en matière de reproduction des femmes dans le post-partum peuvent différer beaucoup de ceux des femmes dans le post-abortum. Les agents de santé qui veulent fournir des soins de haute qualité doivent tenir compte de ces différences.

"La femme en post-partum doit maintenant prendre soin de deux personnes -- son enfant et elle-même", dit le docteur Emma Ottolenghi, consultante au sein du Population Council en Amérique latine qui a fait beaucoup de recherches dans le domaine de la prestation des services au cours du post-partum et du post-abortum. "Elle n'est pas dans une situation critique. Il se peut qu'elle ait des questions au sujet de comment prendre soin de son enfant, ou comment le nourrir au sein. Par contre, la femme dans le post-abortum est, elle, dans une situation critique, et n'est peut-être pas en mesure d'obtenir les informations dont elle a besoin. Il se peut qu'elle veuille savoir si elle est toujours capable de concevoir ou si elle a subi des blessures qui pourrait affecter sa fécondité, mais elle a peut-être peur de poser des questions."

Tandis que les prestataires considèrent que leur rôle principal est de promouvoir l'acceptabilité de la contraception chez les femmes en post-partum ou en post-abortum, le concept de la qualité des soins va beaucoup plus loin. Offrir des soins de qualité sous-entend qu'il faut aider les femmes à identifier leurs besoins personnels en matière de santé reproductive et à faire des choix qui satisferont ces besoins.

La planification familiale et les autres services de santé reproductive à l'intention des femmes dans le post-partum ou le post-abortum "devraient être centrés sur le choix de la cliente, et non pas sur celui de l'agent de santé" affirme le docteur Monir Islam, chef de l'unité de planification familiale et de population à l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). "L'accent devrait être sur les besoins de la cliente, pas sur la promotion d'une méthode particulière."

Les prestataires diraient peut-être que les services de planification familiale de qualité sont ceux qui préviennent les grossesses non planifiées, mais pour les clientes une meilleure indication de la qualité serait peut-être l'aptitude à maîtriser son propre corps, à préserver une bonne santé reproductive et à améliorer sa vie sexuelle, dit le docteur Aníbal Faúndes du Brésil, obstétricien et expert en ce qui concerne la santé des femmes.1 "On ne peut pas juger de la qualité d'un service en se basant uniquement sur son efficacité et le manque de complications qui en résulte," dit-il. "Il faut aussi considérer les autres facteurs, tels que...les préférences personnelles et le manque de perturbation de la vie quotidienne, et la satisfaction sexuelle."

Lorsqu'ils fournissent des soins aux femmes dans le post-partum ou le post-abortum, les agents de santé doivent considérer les besoins des clientes en ce qui concerne l'obtention des informations correctes, d'un counseling empathique et l'accès facile aux services. Les agents doivent aussi considérer la manière par laquelle les systèmes de prestation des services, les attitudes des prestataires et les perspectives des clientes ont un effet sur l'accès des femmes en post-partum ou en post-abortum à la contraception et aux autres services de santé reproductive.

Les prestataires, de leur côté, doivent considérer les besoins des femmes pour les services de santé reproductive connexes. Par exemple, les femmes dans le post-partum ont aussi besoin d'informations sur l'allaitement, la nutrition et les soins à donner à leur enfant. Les femmes qui reçoivent un traitement à la suite d'un avortement incomplet, qu'il soit spontané (fausse couche) ou provoqué, ont besoin de soins d'urgence pour les complications et d'informations concernant les symptômes qui pourraient signaler une infection et la nécessité de revenir voir le prestataire.

Les besoins du client viennent en priorité

Bien que les femmes en post-partum et en post-abortum ont toutes deux besoin d'informations sur la planification familiale, pour celles dans le post-abortum le besoin est immédiat. La fécondité revient souvent moins de deux semaines après un avortement.

En revanche, chez les femmes en post-partum l'ovulation ne se produit généralement pas pendant les six semaines qui suivent l'accouchement. La femme qui désire allaiter peut envisager de se fier à la méthode de planification familiale appelée méthode de l'allaitement maternel et de l'aménorrhée (la MAMA). Dans ce cas, il est possible qu'elle n'ait pas besoin de considérer l'utilisation d'une autre méthode contraceptive jusqu'à six mois après la naissance de son enfant.2 En conséquence, quoiqu'elle puisse profiter d'un counseling et d'une provision de contraceptifs avant de quitter l'hôpital, le besoin n'est pas immédiat.

Le counseling est une partie importante des services de qualité. Pour les femmes dans le post-abortum ou le post-partum, on devrait commencer le counseling en aidant la femme à discuter de ses expériences dans le domaine de la contraception et à identifier ses besoins futurs en matière de santé reproductive.

Lors du counseling des femmes qui viennent d'accoucher ou de subir un avortement, les prestataires devraient apprendre si la cliente désire d'autres enfants dans le futur et, dans le cas où elle choisirait de retarder ou d'espacer les naissances, lui offrir des informations sur les diverses méthodes contraceptives. De surcroît, les prestataires devraient aider les femmes à comprendre les effets d'une méthode particulière sur leur vie et à déterminer si cette méthode leur conviendra sur le plan pratique. Par exemple, la nature des préservatifs est telle qu'ils ne peuvent être utilisés sans la connaissance et le consentement du partenaire et qu'ils doivent être portés lors de chaque rapport. Les méthodes progestatives peuvent causer des saignements intermenstruels, et les clientes ont besoin de considérer l'effet que cela pourrait avoir sur leur travail et leur vie familiale. Les contraceptifs oraux sont très efficaces quant à la prévention des grossesses, mais pour les femmes qui sont à risque de contracter une maladie sexuellement transmissible (MST), ils ne pourront offrir aucune protection contre ces affections.

Les femmes en post-partum ou en post-abortum ont non seulement besoin de renseignements sur les méthodes de planification familiale, mais elles ont aussi besoin de savoir à quoi elles peuvent s'attendre pendant leur période de rétablissement et comment prendre soin de leur corps, dit le docteur Karen Stein, qui travaille avec le Population Council sur les questions de qualité des soins. De plus, les prestataires devraient aussi fournir des informations sur les thèmes suivants : les signes et les symptômes de problèmes de santé qui indiquent que la femme a besoin d'une visite de retour pour recevoir des soins supplémentaires, les mesures préventives à prendre pour éviter les problèmes futurs, la période de repos pendant laquelle la femme ne doit pas faire son travail ou son ménage habituel, et le moment où elle peut recommencer à avoir des rapports sexuels.

Les prestataires ne devraient pas donner d'informations sur la planification familiale aux femmes lorsqu'elles sont stressées. Il est considéré peu éthique de parler de la contraception à une femme lorsqu'elle est sujette aux pressions et aux tensions physiques et émotionnelles de l'accouchement. De toute façon, le counseling peut s'avérer inefficace pendant cette période d'anxiété. Des entretiens avec des patientes dans le post-abortum des hôpitaux El Galaa et El Menia en Egypte ont montré que ces femmes ne s'intéressaient pas vraiment à la contraception. La plupart d'entre elles se concentraient sur leur rétablissement à la suite d'une expérience douloureuse et voulaient simplement se reposer et récupérer leurs forces.3

La confidentialité est aussi considérée un aspect important des soins de qualité. Pour les prestataires qui travaillent avec les patientes dans le post-abortum, elle peut s'avérer particulièrement difficile à réaliser dû aux salles d'urgences bondées. Toutefois, les experts affirment qu'il suffit parfois d'accrocher des rideaux autour d'une vitre ou d'obscurcir le verre, ou encore de tourner la table d'examen pour qu'elle ne soit pas face au couloir, pour offrir une certaine intimité.

Lors de la planification des soins du post-abortum et du post-partum, les responsables des programmes doivent décider quelle personne sera responsable de la prestation du counseling, des services, et des informations. Souvent, quand des responsabilités précises ne sont pas assignées à des membres particuliers du personnel, le personnel très occupé donne la priorité à d'autres tâches et la planification familiale est mise de côté. Pour cette raison, il est très important que les hôpitaux développent des protocoles qui désignent la ou les personnes qui seront chargées de l'exécution de chaque tâche.

"Les responsables de programme doivent examiner le système entier de l'offre des services pour s'assurer que les procédures par lesquelles les clientes du post-abortum ou du post-partum recevront les services de planification familiale sont en place", dit le docteur Karen Hardee, un chercheur de FHI dont la spécialité est la question de la qualité des soins. "Les liens doivent être en place de façon à assurer que ces clientes reçoivent des soins de qualité. Est-ce qu'il y a quelqu'un qui travaille dans le pavillon du post-partum qui peut envoyer le nom de la femme en question à la clinique de planification familiale ? Est-ce que quelqu'un peut donner des préservatifs à la femme qui vient de subir un avortement et lui indiquer où elle peut aller pour se procurer d'autres services de planification familiale ? Les responsables de programme doivent vérifier qu'il existe un processus pour assurer l'offre des services."

"Il faut examiner ses propres ressources et déterminer ce qui est faisable", déclare Mme Joan Healy de l'IPAS, un organisme à but non lucratif basé aux Etats-Unis qui fournit une formation pour les services du post-abortum. "Les infirmières du pavillon de gynécologie pourraient-elles prodiguer un counseling ? Pourraient-elles escorter les patientes jusqu'à la clinique de planification familiale au sein de l'hôpital ?"

En raison du fait que beaucoup de femmes accouchent à la maison au lieu d'aller à l'hôpital, et dû au fait qu'un grand nombre de femmes qui obtiennent un avortement n'ont pas de complications qui exigeraient une visite à la salle d'urgence d'un hôpital, les prestataires doivent trouver des moyens de prodiguer les services de planification familiale en dehors des pavillons du post-partum et du post-abortum. Certains programmes ont formé les accoucheuses traditionnelles ainsi que les sages-femmes à donner un counseling en matière de planification familiale aux femmes dans le post-partum.

Network, Printemps 1997, Volume 17, Numéro 3 .
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© Copyright 1999, Family Health International (FHI)

 

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